Son regard sur la situation sociale
À l’aube d’une nouvelle année, quels constats
et bilans tirez-vous sur le plan social ?
Je perçois une dynamique locale plutôt
favorable à la reprise sociale dans ce pays. N’empêche que c’est
encore timide. Il faudra du temps pour qu’on sorte la tête hors de
l’eau et que l’on puisse garantir à ce territoire une certaine
stabilité sociale dans la durée. L’après Covid ne se fera
certainement pas du jour au lendemain. Les blessures sont encore
fraîches ! N’oublions pas que la Martinique était déjà un des
territoires français les plus socialement fragiles. La crise
sanitaire telle que nous l’avons connue n’a fait qu’aggraver les
choses et complexifier les réponses. Je suis donc assez
mitigé.
Quelles leçons finalement retenir de cette
crise ?
Celle de l’expérience de l’humilité quant à
notre capacité de résistance. Nous savons peut-être enfin, ce que
je ne cesse de dire, qu’il faut miser davantage sur le aller-vers.
Opter pour une communication de proximité et déployer un travail
social de terrain. Cette crise sanitaire était comme une improbable
et violente réplique en plein cœur d’un séisme social permanent.
C’est, une fois de plus, la preuve que la société martiniquaise,
telle qu’organisée, peut se disloquer à tout moment. Par ailleurs,
cette crise a une fois de plus rappelé l’importance des inégalités
sociales qui débordent. La parole a été libérée sur les
discriminations vécues. La pauvreté qui touche bien plus que 28% de
la population a pu être appréciée de plus près. Mais les leçons
apprises ne serviront à rien si nous refusons toujours de changer
notre manière de voir et de les appliquer.
C’est un bilan plutôt inquiétant ?
C’est surtout un constat réaliste ! Si on
veut vraiment changer les choses, il…